jeudi


Oraison du soir

Je vis assis, tel qu'un ange aux mains d'un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,
L'hypogastre et le col cambrés, une Gambier
Aux dents, sous l'air gonflé d'impalpables voilures.

Tels que les excréments chauds d'un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures :
Puis par instants mon coeur triste est comme un aubier
Qu'ensanglante l'or jeune et sombre des coulures.

Puis, quand j'ai ravalé mes rêves avec soin,
Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes,
Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin :

Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,
Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin,
Avec l'assentiment des grands héliotropes.


Ce texte de Rimbaud peut paraitre assez choquant et c'est pour cela que mon attention c'est porté dessus. Rimbaud nous presente un jeune homme angelique, d'apparence sage pour nous devoiler ensuite son visage caché, en effet le jeune homme semble être en réalité un buveur invétéré. A ceci est incorporer une subtil critique de la religion. Cette ôde au tabac et à l'alcool termine par une scène ou ce garçon urine vers le divin. La photographie de david wojnarowicz reflète cette attitude desinvolte de la part de Rimbaud en reintegrant cette scène dans un cadre moderne.

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